Renault Scenic e-tech — Plusieurs gros défauts
Le meilleur cotoie le pire dans la Renault Scenic e-tech Esprit Alpine (long range).
Extérieur
Son look unique saute aux yeux. Une Tesla model Y ou une Mercedes EQA paraissent bien fades à côté. Le modèle semble plus imposant qu’il ne l’est en réalité. La peinutre gris mat est très réussie mais ne comptez pas sur elle pour masquer la saleté.
Intérieur
L’intérieur est spacieux, moderne et chaleureux. Exit les astuces de rangement du passé, ceci est un SUV comme un autre, mais il reste amplement de quoi ranger bouteilles et autres objects dans la console centrale. Les prises USB sont bien situées.
Le tableau de bord est doublé d’un énorme écran tactile parfaitement intégré à Google. Il y a très peu à redire sur l’ergonomie, surtout si on compare à ce que font d’autres marques. Les bornes de recharges sont visibles en temps réel dans le GPS (peut-être avec un abonnement payant, je n’en sais rien, ceci est une voiture temporaire). En contrepartie, vous êtes connecté à Google qui amasse encore plus de données à votre sujet. Des boutons physiques restent présents pour les commandes les plus courantes (chauffage, climatisation, désembuage etc), ce qui est bienvenu. Par contre, pourquoi l’antipatinage est-il situé dans le menu de profil personnel, à côté du purificateur d’air? Il se débranche sans délai, dès qu’on touche le bouton, et sans confirmation. Cela n’a aucun sens.
La présence de trois commodos à droite du volant est des plus confuse : levier de sélection de vitesse, commande des essuie-glaces et réglage du volume sonore. C’est un ou deux de trop. Je ne compte plus le nombre de fois où, dans la précipitation, j’ai actionné les essuie-glaces au lieu de passer la marche arrière. Mais je m’améliore.
Le chargeur par induction demande de bien positionner le téléphone (avec coque) sinon la recharge ne prend pas.
L’Apple Car Play est capricieux : parfois, l’iPhone se retrouve connecté en Bluetooth mais pas en Car Play, sans que je sache comment le faire basculer, le bouton pour se faire n’apparaissant pas. La joie des bugs informatiques.
Les petites touches françaises sont accueillies avec le sourire, dont les discrets drapeaux tricolores sur les sièges.
Coffre
Le coffre n’est pas plat, et le pare-chocs arrière est épais. Résultat, on est mal mis pour charger ou décharger des objets lourds. Pensez-y si vous avez entre autres des problèmes de dos.
Une trappe sous le plancher permet de ranger le cable de recharge et plus.
Conduite
D’emblée, on remarque que les jantes largement dimensionnées gomment les irréguarités de la route et ne craignent pas les nids de poule. Hélas, la suspension est beaucoup trop ferme.
Rapidement, le manque de précision de la direction se manifeste, ainsi que le manque de progressivité du freinage. On peut dire que ni l’un ni l’autre ne sont linéaires. Le phénomène est flagrant avec les freins : en appuyant progressivement, il y a un seuil au-delà duquel le freinage devient abrupt. Les manoeuvres fines en deviennent très compliquées : même en relâchant la pédale de frein très progressivement, à un moment, la voiture repart brusquement. Sur autoroute comme sur route nationale, il faut donner de petites corrections fréquentes pour compenser les approximations de la direction.
La suspension, la direction est le freinage sont donc de grosses déceptions.
Le diamètre de braquage est serré, et la voiture est plus courte qu’elle ne semble — on a toujours l’impression que le capot va heurter un obstacle en braquant, mais non, les capteurs ne mentent pas, ça passe.
Le moteur est amplement suffisant, les accélérations sont franches mais le Scenic peine à les gérer, même sur sol sec et en ligne droite. Si on appuie fort sur l’accélérateur, l’avant se soulève et du flottement apparait dans la direction déjà imprécise. Il n’y a sans doute pas de raison pratique d’accélérer de la sorte mais à quoi bon fournir une telle puissance si elle est mal gérée.
Le régulateur de vitesse adaptatif est pratique et fonctionnel, quoique manquant parfois de subtilité. Il offre un assistant de suivi de bande qui ne peut malheureusement pas s’activer séparemment. Résultat, pour activer le lane tracking, on perd momentanément le régulateur de vitesse. Renault aurait pu s’inspirer de ce que fait Toyota ou Suzuki en prévoyant un bouton dédié pour cet assistant. Et faire en sorte qu’il suive mieux les bandes sur les nationales. Ses hésitations le confinent à une utilisation sur autoroute. Il est possible de caler le régulateur sur la cartographie et la lecture des panneaux, mais j’ai rapidement désactivé cette fonctionalité pour cause d’erreurs fréquentes.
Le niveau de regénération de la batterie est réglable à l’aide de deux palettes au volant, permettant largement le one pedal driving. La voiture ne va cependant pas jusqu’à s’immobiliser quand on relâche la pédale d’accélérateur (coasting). Au moins, on ne s’encombre pas d’un mode "B" en plus du mode "D" sur le sélecteur de vitesse.
La position de conduite est facile à trouver, mais les sièges sont quelconques et n’apportent pas de soutien particulier.
Comme n’importe quel véhicule récent, la Scenic est munie d’une fonction freinage d’urgence autonome avec avertissement sonore et visuel. Ce dernier s’est déjà déclenché intempestivement plusieurs fois en ville, malgré le peu de kilomètres parcourus. Et une fois sur l’autoroute. Vous roulez tranquillement à 110km/h, régulateur de vitesse enclenché. Le revêtement est irrégulier, rien d’inhabituel en Wallonie. Soudain, la voiture donne un petit coup de frein, déclenche un signal sonore et affiche en rouge "Freinez". Puis plus rien, retour à la normale. Ce genre de faux-positifs est dangeureux et stressant.
Recharge
Le point noir de cette voiture. La recharge est lente et parfois impossible. Explications ici. Ce vice est pour moi rédhibitoire.
Divers
Une appli mobile un peu frustrante à installer et plutôt vieillote permet d’enclencher le préchauffage ou de voir où en est la charge. Mais les infos ne sont pas toujours à jour et il faut parfois forcer en "tuant" l’appli et en la relançant.
Il est possible de lancer un préchauffage à distance. La voiture chauffe très vite, une ou deux minutes suffisent à couper le froid glacial. L’autre jour, l’opération a échoué, ainsi va l’IoT. Mais la commande a finalement été exécutée après le trajet. Je m’en suis rendu compte et j’ai interrompu le préchauffage en déverrouillant la voiture et en ouvrant une portière. Sans quoi la charge aurait pris cher. Et ce n’est pas un incident isolé.
L’avertisseur piéton est étrangement différent de celui d’autres voitures, presque apaisant quoiqu’envahissant dans l’habitacle. Explication dans les menus de réglage : il est possible de choisir différents sons, et par défaut, "by Jean-Michel Jarre". Classe! Si ce n’est que le volume sonore est sensiblement plus élevé à l’intérieur par rapport au réglage "neutre".
En parlant de bruit, la voiture est très silencieuse et bien insonorisée, mais les sons émis sont agaçants. Ding-ding. Ding-ding. Non, je ne dépasse pas la vitesse maximale autorisée, tu as juste une info incorrecte dans tes cartes. Tu-ti-dou. Oui, j’ai compris, tu recalcules l’itinéraire. Tu-ti-dou. Tu-ti-dou. Je sais, ça fait deux semaines mais tu n’as pas compris qu’on pouvait passer par ici, car non, je ne roule pas à travers champs. Les constructeurs devraient réfléchir aux nuisances qu’apportent les alertes sonores à répétition. La palme revient au coffre actionné électriquement : un "bip bip bip" strident avertit toute la rue de votre présence, à l’ouverture comme à la fermeture. Si toutes les voitures commencent à faire de même, bonjour les nuisances sonores.
Résumé
Une voiture chaleureuse et conçue avec le soucis du détail, entachée de défauts sérieux, dont une recharge catastrophique.
Très bien vu
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Intérieur spacieux, moderne, chaleureux.
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Look.
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French touch.
Bien vus
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Ergonomie générale.
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Contrôles physiques.
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Palettes de régénération au volant.
À vous de voir
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Intégration Goole impecable.
Mal vu
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Suspensions trop fermes.
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Direction imprécise.
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Motricité limitée.
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Commodos.
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Appli mobile vieillote et peu réactive.
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Avertisseur de coffre.
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Transition entre modes du régulateur de vitesse.
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Assistant de suivi de bande hésitant.
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Bug préchauffage.
Très mal vu
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Recharge horriblement lente.
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Faux-positifs de l’avertisseur de collision.
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Freinage peu précis (manoeuvres fines).
Verdict : à éviter