Qu’est-ce qui émet le plus de CO₂ pour transporter des marchandises à destination de la Belgique : un camion roulant depuis l’Andalousie, ou un bateau en provenance de l’Uruguay ? D’après mes calculs, la réponse est contre-intuitive. Malgré la distance, le bateau émet moins de CO₂ que le camion. Et le trajet en voiture vers le magasin achève de perturber le bilan.

Les chiffres d’émission par mode de transport varient d’une source à l’autre. J’ai utilisé ce calculateur. Une recheche sommaire (MIT | Quora) montre des ratio similaires de 1:8 à 1:15 en faveur du bateau par rapport au camion.

Comparons le transport d’une tonne de marchandise déplacée à destination de Louvain-la-Neuve (Belgique) :

Les scenarios (centre de logistique, capacité de chargement des camions) sont plausibles à défaut de correspondre à la réalité.

L’efficacité du bateau est telle que le trajet depuis l’Uruguay émet moins de CO₂ que le trajet depuis l’Andalousie.

Par contre, si la marchandise n’est pas produite à proximité du port de départ mais dans un pays voisin, le trajet en camion jusqu’au port émettra autant de CO₂ que le trajet en camion depuis Almería et le bilan intercontinental s’envolera.

Curieusement, le calculateur donne des émissions similaires pour un transport par bateau depuis Shenzhen, pourtant plus distant. Le calculateur est malheureusement une boite noire, il est impossible de savoir comment il arrive à un tel résultat.

Une production locale (par rapport à un transport international ou transcontinental) génère moins de CO₂ lié au transport, mais un transport moins efficace émet proportionnellement plus de CO₂. Soit une production à Rebecq transportée vers Ottignies (52km) par camion de 3,5 tonnes.

Les émissions sont moindre que pour un trajet international, mais pas dans la même proportion que la distance parcourue : 5 fois moins de CO₂ seulement pour une distance 220 fois plus courte.

Que se passe-t-il si on ajoute un trajet en voiture individuelle vers le point de vente? Soit des émissions de 100g/km pour une voiture, un trajet aller-retour de 15km vers le point de vente bio, et un achat de 10kg de marchandise à chaque trajet. Pour rendre la comparaison avec nos tableaux plus facile, considérons 100 trajets pour un total de 1000kg de marchandise rapportée à domicile.

0,1kg CO₂/km x 15km x 100 trajets = 150kg CO₂

Si mes calculs sont corrects, ce qui n’est pas garanti, les émissions de CO₂ des trajets du domicile au magasin dépassent donc celles du transport de la marchandise entre deux continents.

Remarques : ces calculs donnent un ordre de grandeur et sont basés sur des scénarios hypothétiques. La logistique réelle est plus complexe. Il se peut que certains trajets donnent des résultats très différents en pratique. Il s’agit ici de se faire une idée et de se rendre compte que les sources d’émission de CO₂ ne sont pas toujours celles que l’on croit.

Bien entendu, en ce qui concerne le transport, une production très locale et un circuit court sont préférables et imbattables.

Enfin, d’autres facteurs que le CO₂ doivent être pris en compte : autres polluants, impact environnemental local de la production, impact social, appauvrissement des sols etc.